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Actualité #17
Méteo 2024 !
Travailler avec la Nature, c’est accepter humblement ses variations, ses difficultés et les défis qu’elle nous lance parfois. C’est le cas avec ce millésime 2024 que l’on peut d’emblée classer comme un millésime contrariant. L’année a été particulièrement pluvieuse. De janvier à octobre il a plu une fois et demi les quantités de pluies habituelles et plus de deux fois les précipitations des deux années précédentes. Il a plu régulièrement et les nappes se sont largement rechargées. En octobre 2024, les anciens puits du cuvage Rue de l’Église et des caves Place du Pasquier ont tous les deux débordé, heureusement modestement.
L’hiver 2023-2024 n’a pas été particulièrement froid et les nombreuses précipitations ont été initialement les bienvenues. Le printemps a été froid avec quelques petites grêles sans conséquences entre la mi-mars et la mi-avril. Nous avons abordé la saison avec une certaine anxiété.
La fleur s’est passée dans une atmosphère humide qui a favorisé la coulure. La croissance de la vigne a été ralentie par des épisodes de fraîcheur. Les précipitations nous ont empêchés de travailler dans les vignes et le mildiou a rapidement pris le dessus.
L’été se passe sans grandes chaleurs et le murissement est particulièrement lent d’autant que le mois de septembre est aussi frais, pluvieux et avec des orages réguliers.
Nous lançons les vendanges à Puligny le 16 septembre. La récolte est modeste avec environ la moitié de la récolte 2023 qui était heureusement abondante. Nous nous consolons avec un bel état sanitaire des raisins restant sur les grappes. La qualité devrait donc être au rendez-vous.
Les vins de demain se préparent aujourd’hui !
Dans le seul but de contribuer à la qualité des vins, les équipes du Domaine Leflaive cherchent en permanence des détails d’amélioration. Elles testent, innovent et appliquent si le bénéfice est avéré. Le contexte de réchauffement climatique ajoute un paramètre fondamental, notamment dans l’élevage des vins en années chaudes : avec une maturité accentuée des raisins et une dégradation de l’acidité, le bois notamment sera-t-il toujours le contenant le plus adapté alors qu’il est historiquement et culturellement constitutif des pratiques bourguignonnes ?
Première adaptation réalisée depuis 2017, le choix de la capacité des fûts afin de modifier la surface d’échange oxygène-bois-vin : le parc de barriques privilégie ainsi les 265 litres, allongées par rapport à la traditionnelle 228 litres, complété par des 350 et 400 litres.
Parallèlement, six foudres de grande capacité ont été implantés progressivement, respectivement de 22, 34 et 50 hectolitres. Ils servent aux vins du Mâconnais, plus sensibles à l’influence du bois et à un risque de déséquilibre, pour lesquels des cuves béton (coniques et en forme d’œufs) étaient déjà en place pour leur faculté à proposer une micro-oxygénation sans impact.
Le dérèglement climatique porte aussi des interrogations sur l’évolution de la matière première bois elle-même, celle qu’utilisent les tonneliers à partir principalement des forêts françaises. Les équipes techniques ont ainsi lancé des expérimentations sur des contenants alternatifs au bois pour les vins de la Côte de Beaune. Depuis trois ans, le grès et la céramique sont testés sur des formats d’amphores de 300 à 500 litres.
L’an dernier, ce sont les wineglobes en verre de 200 litres développés par l’œnologue Michael Paetzold, également vigneron, qui ont été introduits. L’essai se fait à partir de jus issus de la parcelle de premier cru Le Clavoillon à Puligny-Montrachet, très représentative de l’appellation et du style Leflaive. Car l’objectif est bien de préserver cette signature, pas de sortir un vin de circonstance : le moyen n’est pas la finalité, il n’y aura jamais de cuvée 100% wineglobe.
Les expérimentations sont néanmoins poussées jusqu’à la mise en bouteille afin d’en tirer des enseignements sur plusieurs années. Comme pour le vin, le temps est aussi un allié dans cette recherche permanente de progrès.
Vigne et flore coexistent en harmonie au Domaine Leflaive
A la tête de « Herbes de vie » et de l’école de formation « Vieilles racines et jeunes pousses », Thierry Thévenin exerce le rare métier de cueilleur. Lui qui se dit aussi paysan herboriste arpente le plus souvent ses terres entre plateau de Millevaches et volcans d’Auvergne. Cet automne, il est venu observer les vignes du Domaine Leflaive pour la deuxième fois et exercer sa connaissance très étendue de la botanique.
Qu’avez-vous observé lors de votre visite fin octobre dans le vignoble du Domaine Leflaive ?
J’ai vu ces plantes qui apparaissent à la charnière entre automne et hiver, même si ce n’est pas la période la plus riche. Avec l’humidité, il y avait une profusion de salades des champs ou des vignes avec toute une flore de rosettes, ces plantes sans tige dont les feuilles partent du sol en cercle. J’ai vu aussi de nombreuses baies de genévrier sur la parcelle Sous le Dos d’Âne à Meursault ou sur le coteau de Chevalier-Montrachet, quelques fruits d’automne comme les cynorhodons de l’églantier nombreux dans les haies, et différentes espèces de crépides dont celle de Nîmes : surprenant en Bourgogne ? Pas tant que cela parce que Puligny-Montrachet constitue une poche subméditerranéenne, connue des botanistes, avec un climat particulier propice à des espèces qu’on retrouve communément au sud de Montélimar.
Selon l’inventaire du Conservatoire botanique national, 332 espèces ont été recensées sur la commune de Puligny-Montrachet…
Ce sont les espèces observées, il y en a bien davantage. Pour établir un inventaire exhaustif, on estime qu’il faudrait passer au même endroit plusieurs fois par saison pendant sept ans ! Des plantes ne fleurissent pas toujours ou connaissent des phénomènes naturels d’éclipse. Un inventaire de base représente environ 70% de la réalité : on peut penser qu’il y a plus de 400 espèces à Puligny-Montrachet.
En quoi la biodynamie a-t-elle un impact sur la richesse végétale du sol ?
L’indice de biodiversité est sans commune mesure entre des vignes conventionnelles et celles cultivées en biodynamie, qui montrent une offre très diverse d’espèces. Il y a ainsi une forte interpénétration sur le Domaine Leflaive entre la vigne et la flore. Un sol est un organisme vivant, fait d’interactions : plus le cortège d’espèces est important, plus le sol est riche. Et les vignes résistent mieux. De même, l’effet sur la gestion de l’eau est décisif : un sol vivant est capable par ses microporosités de réguler l’excès ou le manque d’eau.
Sortie de cave!
Le pinot noir, Esprit Leflaive
Par Brice de La Morandière
Nous avons récemment dégusté ensemble les six pinots noirs d’Esprit Leflaive. Lancée sur le millésime 2018, cette collection propose en tout huit vins singuliers qui explorent les fabuleux terroirs de la Bourgogne au-delà de la familière Côte de Beaune et du seul chardonnay. Les parcelles de pinot noir, souvent très anciennes, ont été rigoureusement sélectionnées et elles sont vendangées par les équipes du domaine.
Dans un esprit d’artisan avec des tirages modestes, il s’agit de produire des vins sur la finesse et l’élégance en trouvant de la matière et de la profondeur, en somme dans la définition stylistique Leflaive. Sur les six vins du millésime 2021, actuellement proposé aux amateurs, Guy Seddon a bien voulu partager ses impressions que je vous livre ici :
« L’aventure Esprit Leflaive est un négoce haute couture qui vise sans compromis le plus haut niveau. Si toute la gamme porte la marque des standards élevés du Domaine, ce sont les rouges qui repoussent vraiment les limites, non seulement géographiques mais aussi variétales. Les rouges Esprit Leflaive ont capturé la texture et la précision de cette année 2021 qui pourrait représenter la quintessence des millésimes bourguignons. La Côte de Nuits est représentée par un Gevrey-Chambertin intense et un Nuits-Saint-Georges délicatement épicé. La Côte de Beaune propose un Savigny-Lès-Beaune 1er Cru Les Jarrons, souple à la texture minérale, ainsi que deux Beaune 1ers Crus : un Tuvilains brillant et moderne et un Épenottes harmonieusement parfumé. Enfin le Corton Grand Cru Les Grandes Lolières, sur des vignes de 1953, se montre épicé et concentré. »