Actualité #15

Météo 2023 ! 

Le fait est suffisamment rare pour le noter, le millésime 2023, généreux en quantité et équilibré en qualité succède à un millésime 2022 lui aussi magnanime et savoureux. L’hiver a été une nouvelle fois doux, avec peu de pluie. A la fin de l’hiver, en février et en mars, les conditions sont plus fraîches et plus régulières. Au réveil du printemps, le mois d’avril est tempéré, sans gelées matinales ou températures trop bases. Le mois de mai est plutôt frais et pluvieux ce qui permet de reconstituer les nappes phréatiques. Ce temps continue jusqu’à la mi-juin avec un temps plus chaud la journée et des nuits qui restent fraîches. Ces conditions sont excellentes pour un bon développement de la vigne et de la fleur. 


Début juillet nous avons une petite vague de chaleur avec le développement de nombreuses menaces orageuses tout au long du mois, heureusement finalement sans conséquences sur la vigne autres que des pluies régulières qui entretiennent la fraîcheur des sols et irriguent la vigne. La chaleur revient début août avec de fortes amplitudes thermiques entre la nuit et le jour ce qui est très favorable au bon développement de la vigne. Le régime orageux revient mi-août dans un environnement beaucoup plus chaud, alterné de pluies régulières. Du 18 au 24 août nous connaissons une semaine des chaleurs intenses avec un pic à 37° le 24 août, accompagnée de pluie le lendemain.


Ces conditions poussent la vigne à se développer très rapidement. Paradoxalement, nous constatons aussi une semaine avant les vendanges que, selon les parcelles, selon leur charge et selon leur âge, les niveaux de maturités sont très disparates. Nous démarrons les vendanges le 29 août avec une équipe réduite afin de laisser du temps supplémentaire de maturation aux parcelles ayant besoin d’attendre. A partir du 2 septembre nous accélérons les vendanges au moment où la canicule revient. 2023 est la première année où nous arrêtons les vendanges à 14h00 au Domaine. Il est à prévoir que nous devrons adopter ce tempo les années suivantes. 



« La singularité de Mâcon-Verzé » 

Depuis 2004, le Domaine Leflaive a investi patiemment le vignoble du Mâconnais pour cultiver aujourd’hui 37 hectares au fil d’acquisitions successives. L’appellation Mâcon-Verzé en constitue l’essentiel. Coup de projecteur avec le directeur général Pierre Vincent.


Y a-t-il une identité spécifique de l’appellation Mâcon-Verzé ? 

Par rapport au cœur historique du Domaine Leflaive à Puligny-Montrachet, nous sommes bien sûr plus au sud. Au-delà d’une identité mâconnaise, il s’agit de montrer la singularité de certains terroirs. En fait, nous essayons de devenir des spécialistes de l’appellation Mâcon-Verzé, qui représente 30 des 37 hectares que nous cultivons. Nous sommes présents sur les deux coteaux de Verzé, une vallée orientée nord-ouest sud-est. Cela va nous permettre de dupliquer la méthode Puligny-Montrachet en identifiant finement les terroirs alors que le Mâconnais est resté générique avec des noms de communes. Nous développons déjà des sélections parcellaires pour réaliser des cuvées en lieux-dits. Voilà ce que nous voulons apporter : une identité forte sur de très bons terroirs qui méritent d’être mis en valeur. 

Quels sont les parcellaires que vous avez isolés jusqu’à maintenant ?

Pour l’instant, nous revendiquons deux lieux-dits avec Les Chênes, exposé plein ouest, et Le Monté plein nord, instructif des conséquences du réchauffement climatique : ce terroir tardif est devenu propice à l’expression d’une vraie personnalité. D’autres viendront mais nous les revendiquerons quand nous estimerons leur potentiel vraiment intéressant. Quoiqu’il en soit, le soin que nous apportons au vignoble de Mâcon-Verzé est identique à celui de Puligny, avec une certification biologique et des pratiques biodynamiques. Nous utilisons notamment des moutons pour entretenir le vignoble, ce qui évite des passages de tracteur en même temps que leur présence fertilise les sols : la boucle est complète. 

Que pouvez-vous nous dire du millésime 2020 qui est commercialisé depuis cet automne ?

C’est un millésime de fraîcheur et de pureté bien qu’il ait été historiquement précoce avec des vendanges débutées à Verzé le 25 août. Je l’aime beaucoup parce qu’il a une belle concentration tout en restant équilibré. Nous préconisons un élevage long pour les vins avec le principe de deux hivers en cave. Cela donne des cuvées excellentes à l’apéritif ou parfaites pour accompagner des fromages de chèvre du Mâconnais !


À Nantoux, un terroir hautement qualitatif 

C’est vers l’ouest et une centaine de mètres plus haut que se laissent découvrir les paysages vallonnés des Hautes Côtes de Beaune. À Nantoux, le Domaine Leflaive transforme des prairies en un petit vignoble dans le respect du temps long qui caractérise ses pratiques. Une parcelle de 3,3 hectares a été plantée en 2021 après avoir été préparée durant trois ans : un semis de légumineuses et de céréales l’a nourrie et enrichie de manière naturelle afin que les racines explorent profondément le terroir. Une première récolte aurait pu intervenir cet automne, au terme de la troisième feuille. « Nous avons fait le choix de privilégier la vitalité et la vigueur de la vigne, souligne Pierre Vincent, le directeur général du domaine. L’été dernier, nous avons coupé tous les raisins afin que les pieds consacrent leur énergie à faire du bois, comme on dit, à renforcer son système racinaire. » Des arbres truffiers ont été ajoutés cette année sur une partie escarpée de la parcelle. Patience, les premières truffes viendront dans vingt ans seulement ! Mais l’initiative présente un intérêt immédiat de biodiversité et d’utile piège à carbone.


Le vignoble des Hautes Côtes de Beaune apparaît bien adapté aux nouvelles conditions du réchauffement climatique. Situé environ 100 mètres plus haut que celui de la Côte de Beaune, il s’avère moins précoce et plus frais. Ses sols argilo-calcaires propices à la vigne, particulièrement pour les blancs, se doublent d’une bonne exposition Est et d’une pente drainante avantageuse. C’est la redécouverte d’un terroir très qualitatif : sur la parcelle du domaine, la présence d’une cabotte, cette resserre de pierre refuge des vignerons, atteste de l’ancienneté de la culture de la vigne à cet endroit, sans doute disparue avec la crise du phylloxera à la fin du XIXe siècle. Comme l’histoire prend son temps en Bourgogne, les premières bouteilles étiquetées Leflaive seront disponibles à partir de 2027 seulement. Un hectare reste par ailleurs à planter. Dans les prairies, les chevaux du domaine profitent d’une retraite paisible. L’aventure des Hautes Côtes de Beaune se poursuit. 

Sortie de cave !

Le millésime 2016, le coup de cœur 

de Brice de La Morandière 


« Pour des raisons souvent mystérieuses, les vins se goûtent très bien à certains moments, se ferment à d’autres. Dans ma dégustation récente des 2016, dans plusieurs appellations, j’ai trouvé que ces vins-là avaient une profondeur vraiment intéressante. C’est un millésime assez particulier avec des gelées de printemps sévères, un rendement diminué de moitié par rapport à une année normale mais une récolte de qualité. Les raisins ont présenté une très belle concentration. Les 2016 commencent à montrer des arômes un peu tertiaires, très légèrement sur le miel. Sept ans de vieillissement, ce n’est pas énorme mais c’est déjà sept ans ! J’aime la sérénité et la profondeur qu’ils proposent. Par exemple sur Les Pucelles ou Les Folatières, des Premiers Crus qui possèdent en outre un grand potentiel de garde. Mais 2016 est déjà un formidable millésime de plaisir. »